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Nos plumets citadins, nos ceintures de peaux.
Le courage à nos cœurs ne vient que par saccades ;
Ne parlons plus de gloire et de nos barricades ;
Que le teint de la honte embrase notre front.
Vous voulez voir venir les Russes… Ils viendront !

Ce fut au milieu de cette effervescence que s’ouvrit la séance du 19 novembre. Dans celle du 16, M. Mauguin, quoique malade, avait annoncé qu’il interpellerait le ministère, et il accourait pour accomplir sa menace. Impétueux et pressant, il accabla les ministres de questions posées avec netteté. Pourquoi avait-on souffert la scandaleuse et barbare intervention de la Prusse en faveur de la Russie ? Pourquoi, du moins, n’avait-on pas agi pour sauver la Pologne, de la même manière que les Prussiens pour la perdre ? Pourquoi M. Sébastiani avait-il enlevé à la France, par le rappel du général Guilleminot, l’appui de la Turquie et le moyen d’envoyer une flotte dans la mer Noire ? Pourquoi s’était-on hâté de donner aux affaires belges une solution anti-française au lieu de tenir, ainsi que l’avait dit M. Bignon, la Belgique en disponibilité et de la faire servir de rançon à la Pologne ? Comment, malgré les déclarations formelles du ministre de la guerre, notre armée tout entière avait-elle sitôt évacué la Belgique ? Etait-il vrai que, sans égard pour la dignité de la France, un courrier envoyé à Varsovie par le gouvernement français eût été, sous de futiles prétextes, arrêté dans le duché de Posen ? Etait-il vrai, et M. de Lafayette croyait en avoir la preuve, qu’on eût enchaîné les Polonais dans une inaction à jamais fu-