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matin. A la vue du général Berg, Krukowiecki jette son bonnet par terre en criant : « Je ne suis plus rien je ne suis qu’un simple particulier. » Puis il se répand en injures contre Ostrowski. « Voilà le maréchal des chambres entre nos mains, dit-il tremblant de rage, au général Berg, c’est lui qui par son exaltation insensée a nourri le coupable orgueil de la nation. Vous resterez ici, Monsieur ! » Mais le maréchal avec calme : « Je ne réponds pas à de vaines menaces ; elles n’ont aucune influence sur moi ; je suis ici en sûreté, puisque j’y vois des Polonais. » Et il ajoute : « Vous n’avez pas de mandat pour traiter au nom de la nation. » Le général Berg ayant dit alors qu’il demandait la permission d’ajouter foi aux déclarations de l’honorable général Krukowiecki, Dembinski s’écria avec emportement que le maréchal de la Diète avait la confiance de la nation, et que personne ne souffrirait qu’il fut offensé. « Qu’il signe donc avec moi, répliqua l’ex-président, et qu’il m’autorise à conclure au nom de la Diète. — Non, non, » répondit Ostrowski ; et il repoussait un écrit en langue française qu’on lui présentait à signer. Alors Krukowiecki, entrant en fureur : « Vous êtes arrêté, Monsieur le maréchal ! – Arrêté, reprit froidement Ostrowski ! … Crois-tu obtenir de moi par la force une signature honteuse. Quand il y aurait ici cent mille baïonnettes moscovites, je ne m’écarterais pas de mes devoirs. » Et il se retira tranquillement avec les plus hardis patriotes. Pressé par les généraux qui l’entouraient et entraîné par le découragement de tous, Malachowski