Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/461

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ner, en efforts gigantesques ; l’Autriche les abandonnait par timidité ; la Prusse aidait à les accabler ; l’Angleterre voulait les voir périr, pour qu’il fut prouvé à l’Europe combien peu valait l’amitié de la France ; la France enfin, gouvernée par une politique sans élévation et sans intelligence, était devenue un instrument dont se servait contre eux une diplomatie implacable dans son égoïsme.

Cependant, du fond de la Russie accouraient incessamment des masses nouvelles. L’armée russe, forte de soixante-dix mille hommes et de trois cents pièces de canon, avait passé sous le commandement du feld-maréchal Paskéwitch d’Erivan, vainqueur des Perses. Renonçant à attaquer par la rive droite Varsovie que défendaient de ce côté le faubourg de Praga et le fleuve, cet homme hardi forma le projet de transporter sa ligne d’opération de l’autre côté de la Vistule. Son plan était de marcher vers la frontière prussienne où l’attendaient des secours de tout genre, de traverser la Vistule à Oziek, et de revenir sur Varsovie pour l’attaquer par la rive gauche.

Après avoir coulé à Varsovie, la Vistule continue son cours vers le nord, pendant cinq lieues, c’est-à-dire jusqu’à Modlin, place fortinée que les Polonais occupaient. A Modlin, le fleuve fait un coude et se détourne brusquement vers l’ouest. En cet endroit le Bug et la Narew réunis viennent se jeter par une seule embouchure dans la Vistule. Modlin était donc une forteresse du haut de laquelle les Polonais allaient dominer le nouveau théâtre de la guerre. Mais la résolution du feld-maréchal était bien arrêtée, et le 4 juillet l’armée russe s’ébranla. Divisée