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feste, et il était naturel que le ministère en tirât avantage !

De tous les systèmes, le pire était sans contredit celui des ministres, et plus encore au point de vue de la pratique qu’au point de vue de la théorie. Mais, du moins, il était suivi, précis et complet, ce qui lui donnait les apparences d’une politique d’affaires, tandis que le système de l’Opposition n’avait que celles d’une politique de sentiment. Inévitable effet de toute doctrine vacillante ! Le régime constitutionnel et bourgeois condamnait la France, par sa nature même, à n’avoir en Europe qu’une position subalterne et petite. Le gouvernement le comprit et s’y résigna. L’Opposition refusa obstinément de le comprendre, ne voulant point s’y résigner.

La discussion durait déjà depuis plusieurs jours, lorsqu’une proposition de M. Bignon vint tout-à-coup imprimer aux débats la plus étrange violence. M. Bignon demandait que le paragraphe de l’adresse relatif à la Pologne fût rédigé en ces termes : « Dans les paroles touchantes de votre majesté sur les malheurs de la Pologne, la chambre aime à trouver une certitude qui lui est chère : la nationalité polonaise ne périra pas. » M. Bodin voulait qu’au mot certitude on substituât cette expression, bien moins hardie : ferme espérance ; et les ministres, prétendant que l’adoption du mot certitude était une déclaration de guerre à l’Europe, se montraient prêts à déposer leurs portefeuilles sur la tribune. Dans la séance du 15 août, la proposition de M. Bignon est soumise aux délibérations de la