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simir Périer suivait sur un manuscrit la lecture du discours convenu. Vérification publique dont l’inconvenance attestait le déclin du principe monarchique !

Quoi qu’il en soit, le discours royal fut favorablement accueilli dans l’assemblée et au dehors. L’ambassadeur de Russie, M. Pozzo-di-Borgo, n’avait pas assisté à la séance avec les autres membres du corps diplomatique. Et cette absence, concertée ou non, servait le ministère. Mais, le soir même de la séance, une nouvelle semée dans Paris vint faire diversion aux commentaires politiques. On apprit que, revenant d’Angleterre avec la baronne de Feuchères sa tante, M. de Flassans, à Calais, avait été frappé de mort subite. Cet accident, qui n’avait en lui-même aucune importance, produisit cependant une sensation profonde, soit par l’issue qu’il ouvrait aux investigations de la curiosité, soit par l’aliment offert aux interprétations cruelles de l’esprit de parti.

Il fallait nommer le président de la chambre. L’Opposition fixa son choix sur M. Laffitte. Membre de l’ancien cabinet, son triomphe aurait écrasé ses successeurs. Casimir Périer le comprit, et, comptant sur le besoin que la bourgeoisie avait de ses emportements, il déclara que la nomination de M. Laffitte serait le signal de la dissolution du ministère.

L’Opposition redoubla d’efforts, et ta guerre déclarée à Casimir Périer par les journaux de la gauche fut poussée avec une étonnante vigueur. Ils firent observer que le discours de la couronne s’était bien gardé de spécifier les places qui, en Bel-