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térêts se trouvaient en jeu et sur quelles questions il s’agissait de prononcer.

Aussi jamais assemblée nouvelle ne parut sur la scène au milieu d’une attente plus formidable et de pareils soucis. Il ne fallait pas de médiocres passions pour une aussi grande querelle.

A la préoccupation des choses du dehors se joignait, d’ailleurs, dans tous les esprits, l’impatience de voir résoudre ce périlleux problème posé devant la nation : l’hérédité de la pairie doit-elle être maintenue ?

N’accorder qu’au chef de l’État le privilège de l’hérédité politique, c’était évidemment isoler la monarchie, lui retirer ses appuis naturels, et, en lui créant, au faîte de la société, une situation tout exceptionnelle, la condamner à une vie précaire, toujours menaçante ou toujours menacée. Mais, dans ce dernier coup porté à la féodalité, dans cette dernière humiliation infligée à une aristocratie expirante, dans cet abaissement de la royauté qu’on allait réduire à ne plus exister que par grâce, il y avait quelque chose de singulièrement flatteur pour l’orgueil de la classe dominante. L’abolition de l’hérédité de la pairie était donc devenue, dans un grand nombre de collèges électoraux, l’objet d’un mandat impératif, et la bourgeoisie mettait un emportement extraordinaire à demander ce que, dans son ignorance, elle regardait comme le complément de sa victoire.

Le 25 juillet le roi se rendit au Palais-Bourbon. Les membres de la pairie s’y étaient modestement réunis aux communes. Le temps était donc passé où