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circonspect, stérile en ressources et ami des ménagements ; autant le premier était prompt à l’attaque, impétueux et inventif. Mais, avec plus d’initiative et plus de feu que son rival, M. Mauguin avait moins de consistance. Sa vigueur même devait tôt ou tard éloigner de lui la plupart des membres de l’Opposition qui tremblaient qu’on ne les conduisit trop loin. Car les plus énergiques, dans la chambre, avaient besoin de croire que le régime constitutionnel pouvait être amélioré sans être affaibli. Genre d’illusion que M. Odilon-Barrot poussait plus loin que personne, non par insuffisance mais par candeur !

Quoi qu’il en soit, ce fut à M. Mauguin qu’appartint le premier rôle, tant que dura le mouvement révolutionnaire des peuples. Il se fit, à la chambre, le centre du parti militaire ; et nous le verrons soutenu par le général Lamarque, porter au pouvoir des coups terribles. Nul, d’ailleurs, ne suivait plus assidûment que M. Mauguin, sur la carte d’Europe, les expéditions lointaines et les marches savantes ; nul ne se plaisait davantage à pénétrer les intrigués des cours, à dévoiler les artifices de la diplomatie ; nul ne remuait plus le monde en pensée.

Or, à cette époque, la France vivait plus de la vie des autres nations que de la sienne propre. Les événements qui agitaient alors la Pologne, le Portugal, la Belgique, occupaient les esprits d’une manière à peu près exclusive, et sur ces événements allaient rouler tous les débats de la session qui était à la veille de s ouvrir. Nous vivions Surtout en Pologne.