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neurs de la classe moyenne s’étaient abstenus. C’est qu’en effet la cause de la royauté ici ne se confondait pas avec celle de la bourgeoisie. Au fond, quoique le roi n’eût pris en juillet 1830 aucune initiative, quoiqu’il n’eût couru personnellement aucun danger, quoique la fortune l’eût salué vainqueur sans l’avoir fait combattant, il était dans les conditions du régime monarchique qu’on lui attribuât l’honneur de toutes les belles actions faites sans lui. Au point de vue de la monarchie, cela était non seulement admissible, mais nécessaire. Si la bourgeoisie ne le comprit pas, c’est, je l’ai dit, parce qu’elle n’avait cessé de poursuivre la réalisation de cette frivole utopie : une royauté en sous-ordre, une royauté qui fut un instrument plutôt qu’un principe.

Cette erreur était celle de Casimir Périer. Et par là s’explique la mollesse que, contrairement aux habitudes de sa politique, il venait de montrer. Peut-être aussi ressentait-il une satisfaction secrète du coup qui atteignait la personne du roi. Car il avait pour ce prince une aversion qu’il ne prenait aucun soin de dissimuler, parlant de lui en termes qui excluaient également toute modération et toute décence, et paraissant n’être son ministre que pour être plus à portée de se faire son détracteur.

Le roi, de son côté, regrettait chaque jour davantage M. Laffitte, dont il se rappelait, non sans quelques retours amers, les manières affectueuses, la bonté d’âme, le langage persuasif, et les services modestes. Forcé de subir Casimir Périer il apportait dans ses relations avec cet homme indompta-