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gré ses exhortations et ses efforts. Plus de trois mille personnes couvraient la place du Palais-de-Justice et le Quai-aux-Fleurs.

MM. Trélat et d’Herbinville étaient montés en voiture avec trois de leurs amis, MM. Achille Roche, Avril et Lhéritier. La voiture partit avec vitesse, mais une foule impatiente la suivait. Bientôt des fleurs pleuvent de tous côtés. On arrête les chevaux ; on les dételle. M. Trélat et ses amis essaient en vain de rappeler la multitude à ce sentiment de réserve qui convient à une peuple libre ; on les traîne à la course jusqu’à la porte de M. Trélat, à travers les applaudissements et les cris de joie. Le soir, un grand nombre de maisons furent illuminées dans Paris. Le triomphe était complet.

Le procès que les républicains venaient de gagner n’annonçait qu’une partie de l’œuvre qu’ils allaient entreprendre. Ils n’avaient touché, dans leur déclaration de principes, qu’aux questions purement politiques et nationales ; ils n’ayaient point abordé celles qu’indique, en les résumant, ce mot, redoutable et profond, le prolétariat. Mais il était facile de prévoir qu’ils ne resteraient étrangers l’examen d’aucun des problêmes sociaux dont la solution emportait au peuple. La suite de cette histoire montrera combien fut hardie et féconde l’intervention du parti républicain dans l’élaboration des doctrines par qui devaient être à jamais discrédités les vices fondamentaux des sociétés modernes. En attendant, c’était une grande victoire que celle qu’ils venaient de remporter. Les destinées de la monarchie en France venaient d’être remises en question