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programme et pour vivre des réminiscences de Rome ou d’Athènes. Il combattit la monarchie, considérée dans son action nécessaire, non sur la France, mais sur les nations de second ordre. Grâce au ciel ! la France portait en elle, de quoi surmonter les plus déplorables épreuves ; mais qu’allaient devenir les peuples naturellement placés sous son égide, et qu’il était dans les nécessités de la monarchie de sacrifier ? « La révolution, s’écria M. Cavaignac en terminant, c’est la nation tout entière moins ceux qui l’exploitent ; c’est notre patrie remplissant cette mission d’affranchissement qui lui a été confiée par la providence des peuples ; c’est toute la France qui a fait son devoir envers eux. Pour nous, Messieurs, nous avons fait notre devoir envers elle, et elle nous trouvera toutes les fois qu’elle aura besoin de nous : quoiqu’elle nous demande, elle l’obtiendra. » Une explosion d’applaudissements couvrit ces dernières paroles. Et l’impression ne fut pas moindre, après le discours de M. Guinard, un de ces jeunes gens à la taille élevée, au front noble, qui montraient réunies en eux les fortes vertus du républicain et l’élégance du gentilhomme.

Comme on l’espérait, les prévenus furent acquittés. Ce ne furent alors qu’acclamations, pleurs d’enthousiasme et mouvements passionnés. Les spectateurs se mêlant aux accusés, on voulut reconduire ceux-ci en triomphe. MM. Guinard et Cavaignac et les élèves des écoles parvinrent à se soustraire à l’ovation qu’on leur préparait. L’adjudant Guilley fut reconnu et porté à bras jusqu’à sa demeure, mal-