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infliger des condamnations sévères, et le peuple applaudissait à leur fierté.

Les agitations, quand elles naissent d’un naturel ébranlement du peuple, tournent presque toujours au profit des partis extrêmes : républicaines et constitutionnelles, toutes les sociétés populaires avaient également ajouté à la force du parti républicain, et il était déjà d’un grand poids dans la balance des destinées nationales lorsque Casimir Périer jura sa ruine. Ce parti avait des représentants distingués, et même illustres, dans le parlement, à l’Institut, dans la presse, dans l’armée, dans les sciences, dans les arts, dans l’industrie. Mais c’est surtout comme parti militant que le parti républicain mérite d’être envisagé dans cette période de notre histoire.

Une grande, une sérieuse pensée occupait les chefs de la milice républicaine et allait remplir leur vie. Ils voulaient renouer cette chaîne des idées modernes que l’Empire avait si brutalement brisée. Ils voulaient faire rentrer dans l’histoire cette merveilleuse époque de notre première révolution, sur laquelle étaient passés les coups d’état du général Bonaparte. Leur gloire, on le verra, fut d’accomplir ce dessein profond par le sacrifice absolu de leurs personnes. Service incalculable, qui suffirait pour marquer à jamais leur place dans le récit des plus fécondes vicissitudes de la société française !

Du reste, c’étaient, pour la plupart, des hommes brillants, spirituels, d’une bravoure chevaleresque, et qui reproduisaient plus fidèlement que le parti