Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais c’était, dans la situation critique où l’on se trouvait, un puissant moyen de lutte : à ce point de vue Casimir Périer l’adopta, se réservant d’y renoncer, quand serait produit l’effet moral qu’il en attendait. L’emprunt de cent vingt millions ne tarda pas en effet à être adjugé à une compagnie de banquiers. Les souscriptions n’avaient pas atteint le chiffre de vingt-un mille francs. Circonstance heureuse pour cette oligarchie financière dont le président du conseil était l’âme !

Au reste, Casimir Périer, à cette époque, vivait tout entier dans le désir d’abattre le parti républicain. Au fond, la puissance de ce parti était devenue formidable, et tout avait contribué à la servir. Dès le lendemain de la révolution de juillet, un grand nombre de sociétés politiques s’étaient formées. L’Association des Écoles, dirigée par deux hommes d’un patriotisme énergique, MM. Eugène Lhéritier et Marc Dufraisse, demandait avec fougue la destruction de l’Université. Un étudiant, nommé Sambuc, avait fondé dans le quartier latin la Société de l’ordre et des progrès, véritable complot ayant pour but de rendre au peuple l’exercice de sa souveraineté chaque membre de cette association devait avoir chez lui un fusil en état et cinquante cartouches. Avec un caractère moins agressif, et à l’abri des formes légales, l’Union poursuivait à peu près le même but ; tandis qu’à côté d’elle, et sous la présidence de M. Cauchois-Lemaire, qui avait posé avec tant d’éclat devant la royauté mourante de Charles X la candidature du duc d’Orléans, la Société constitutionnelle poussait à