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On préparait, du reste, avec vigueur, les moyens de défense. Mais comment le gouvernement de Bologne, livré à lui-même, aurait-il résisté à l’Autriche ? Sept mille hommes, dont un tiers seulement se composait de soldats de ligne, de gendarmes et de douaniers, voilà tout ce qu’avaient à opposer aux forces de l’invasion les chefs de l’insurrection italienne. Les armes manquaient d’ailleurs. Il n’existait, dans toute l’étendue des provinces insurgées, que six mille cinq cents fusils. Les piques que le général Grabinski avait fait fabriquer ne pouvaient servir efficacement contre l’ennemi. La Toscane avait refusé de laisser passer quatre cents fusils et quatre cents sabres, achetés à Livourne. Le sort de l’Italie flottait donc au gré de tous les hasards, ou, plutôt, il dépendait de la France. Le gouvernement de Bologne avait prié lord Normanby d’agir en faveur des patriotes italiens auprès du cabinet de Londres : on confia la même mission auprès du cabinet de Paris à M. Hubert, officier de l’état-major général de la confédération suisse. C’était un touchant spectacle que celui de la faiblesse appelant ainsi la force au secours du droit violé. Car enfin, en vertu de quel principe l’Autriche envoyait-elle ses armées au-delà des Alpes terminer une querelle qui n’était pas la sienne ? Elle n’avait pas même ici, comme à Modène, un prétexte dont elle pût couvrir ses violences. Sa conduite, sauvage et inhumaine à l’égard de l’Italie, était en outre, à regard de la France, pleine d orgueil et d’insulte, puisque le cabinet de Vienne, en foulant aux pieds le principe de non-intervention, ne se donnait même plus la peine