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s’en venger. Tant que la situation était restée incertaine, il avait épié le pouvoir avec anxiété, et ne s’était point senti la hardiesse d’y porter la main. Mais lorsqu’il crut voir que le peuple s’ignorait ; que la puissance des parais ne répondait pas à leur fougue ; que les ressources de l’esprit de révolte étaient incomplètes, éparses ; que la résistance ne serait ni efficace, ni durable contre tous ces éléments réunis de domination, les capitaux, le crédit, l’organisation, les positions acquises, la discipline… il prit son parti impétueusement, et ne songea plus qu’à prouver à la bourgeoisie tout ce qu’elle pouvait, par l’excès de ce qu’il allait tenter pour elle, en la traînant à sa suite ; car il manquait de courage, non de vigueur ; et s’il tremblait devant l’humiliation d’une défaite possible, devant les dangers d’une lutte inégale, il n’était pas homme, du moins, à perdre les avantages de la force par défaut de résolution et de nerfs.

Bien convaincu, du reste, que dans les intérêts de la classe moyenne c’étaient les siens propres qu’il venait sauver, apportait dans le combat sa personnalité tout entière. Le trône, il le voulait sauver aussi, et il accourait pour le défendre, mais sans illusions, sans dévouement, sans amour, et tout simplement parce qu’il couvait dans la royauté une institution protectrice de la banque.

Président de la chambre, il avait déjà montré, en maintes occasions, combien intraitable était son égoïsme et sauvage son orgueil. Un jour, par exemple, tandis que l’émeute grondait, il arrive au Palais-Bourbon qu’il trouve entouré de soldats