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vrier, pour enrayer les légitimistes : ennemie et amie de l’ordre tour-à-tour, selon les besoins du moment. Ce que l’égoïsme d’une pareille conduite devait avoir de fatal et aux intérêts de la classe asservie, et à ceux de la classe dominante elle-même, on le verra par la suite de cette histoire. Mais d’aussi hardis envahissements n’eussent jamais été possibles, au sortir d’une révolution faite par le peuple, s’il n’y avait eu aux affaires des hommes dont la réputation fût de nature à donner le change aux mécontents et à dérouter l’opinion. Ces hommes furent, à des titres divers et avec une part inégale de responsabilité, MM. de Lafayette, Dupont (de l’Eure) et Laffitte. Grâce à leur honorable mais impuissant triumvirat, beaucoup prirent pour une transition nécessaire ce qui n’était au fond qu’un déplacement de tyrannie. Les chefs du parti républicain ne s’y trompèrent pas ; mais ils n’avaient été jusque là ni assez forts pour s’imposer, ni assez écoutés pour faire prévaloir la sagesse de leur défiances.