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quaient, et ailleurs. Pas d’unité, nulle direction. A Bologne, à Modène, à Parme, à Reggio, on avait vu s’improviser autant de gouvernements, non rivaux, mais divers, et auxquels un respect fatal du principe de non-intervention enlevait jusqu’à la pensée de combiner leurs efforts. Propager l’insurrection en Toscane, il n’y fallait pas songer, le peuple étant gouverné dans ce pays avec une sagesse paternelle et jouissant d’une prospérité sans égale.

Dans un tel état de choses et au milieu de tant d’obstacles, l’audace restait aux patriotes italiens comme chance de succès. Il y avait péril et non pas folie à marcher sur Rome : c’est ce que plusieurs proposèrent. Mais le gouvernement de Bologne hésitait : il consulta le colonel Armandi qui se trouvait alors à Ancône, et n’avait pas encore été nommé ministre de la guerre. Le colonel répondit avec l’autorité qu’il puisait dans sa vieille expérience militaire, que les dispositions du peuple, qui vit, à Rome, sous l’entière dépendance de la cour pontificale, dépendaient une expédition de ce genre ; qu’il était impossible de la tenter heureusement avec une poignée d’hommes inhabiles à la guerre et mal armés ; que c’était nuire à la révolution italienne que de courir aussi aveuglément les risques d’un premier revers, alors qu’il s’agissait de hasarder une petite troupe dans une plaines immense, où la nature du terrain ne permettait ni de marcher de poste en poste ni de camper avec sureté. Cette opinion prévalut.

Au reste, Rome venait subitement de changer d’aspect. Dans les premiers jours de l’insurrection,