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jour en jour plus hautain. Ils parlaient déjà du retour de Henri V avec une assurance pleine d’insulte, et le changement qu’on remarquait dans l’attitude de Louis-Philippe recevait de leurs présomptueux désirs l’interprétation la plus singulière. L’empereur de Russie ayant demandé, comme on l’a vu, qu’on lui envoyât M. de Mortemart pour ambassadeur, et le Palais-Royal n’ayant pas osé désobéir, les légitimistes répandirent le bruit que Louis-Philippe se proposait de rendre la couronne à Henri V, et que le duc de Mortemart était envoyée Nicolas pour l’instruire de ce dessein. En même temps, des démonstrations factieuses avaient lieu sur divers points. A Rodez, on arrachait pendant la nuit un arbre de liberté ; à Collioure, on déployait le drapeau blanc ; il était question de gardes nationaux sur qui s’était levée, à Nismes, la canne de quelques verdets ressuscités. Ces faits, peu importants par eux-même, puisaient dans les allures générales du parti vaincu je ne sais quelle signification alarmante. Le clergé, d’ailleurs, commençait à se montrer remuant, et il était clair pour tous que les carlistes allaient faire, à la première occasion, quelqu’audacieux essai de leurs forces.

On touchait au 14 février, anniversaire de la mort du duc de Berri. La Gazette de France et la Quotidienne annoncèrent que, ce jour-là, un service funèbre serait célébré à l’église St-Roch. Le ministre de l’intérieur en écrivit au préfet de police. Le ministre des cultes, à son tour, fit savoir à l’archevêque de Paris que la cérémonie projetée pouvait devenir une provocation à l’émeute. Le curé de St.-Roch crut donc devoir s’abstenir. Il n’en fut pas de même du