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il pas tenté de faire sortir son pays du vasselage industriel dans lequel l’avaient tenu si long-temps les marchands de Londres ? Lord Ponsomby avait été envoyé à Rio Janeiro pour sonder l’empereur relativement au maintien du traité qui consacrait ce honteux vasselage, et la réponse de l’empereur du Brésil n’avait pas été satisfaisante. C’en était assez pour que l’Angleterre l’abandonnât, alors même qu’elle aurait oublié avec quelle ardeur, dans la révolution de 1820, les constitutionnels, partisans de don Pédro, avaient renversé à Lisbonne la tyrannie de lord Béresford.

Si tel était l’état de trouble et de malaise dans lequel vivaient les nations indépendantes ou réputées indépendantes, on peut juger quelles tempêtes couvaient dans leur sein les nations victimes des traités de 1815.

L’Italie frémissait sous la domination de l’Autriche, dont ses princes n’étaient guère que les préfets, domination d’autant plus abhorrée qu’elle s’exerçait au moyen de la diplomatie. Privés du droit de parcourir librement leur pays, de celui de publier leurs opinions ; attaqués dans leur liberté individuelle, espionnés dans leurs familles, exposés au moindre mouvement, à voir briller, depuis Rome jusqu’à Ancône, depuis Turin jusqu’à Naples, l’odieux uniforme des garnisons autrichiennes, les Italiens attendaient avec une impatience croissante le moment de secouer leurs chaînes. Ces chaînes, cependant, étaient beaucoup plus lourdes pour les hommes éclairés que pour le reste de la nation, dont le sort matériel n’était pas, au fond, très-mal-