Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’ouvrit à l’ambassadeur français des concessions qu’il eût été dans son désir de faire à la Pologne insurgée. Entr’autres avantages, il lui aurait assuré celui de n’être gouvernée à l’avenir que par un Polonais, que lui, Czar, aurait choisi sur une liste de trois candidats présentés par la diète. Quel bonheur pour la Pologne, si, par une médiation énergique et même menaçante, le cabinet du Palais-Royal eût tiré parti de ce qu’il y avait, en de pareilles dispositions, de favorable pour les Polonais !

Aussi bien, l’empereur Nicolas était le moins guerrier de tous les princes de son temps. Manœuvres, revues, parades, il aimait tout cela, et pouvait être vanté comme le premier caporal de l’Europe. Mais la vue d’un champ de bataille l’accablait. Il craignait aussi l’issue que les bouleversements de l’Europe auraient ouverte aux ambitions haineuses qui veillaient dans sa propre famille. Car Constantin, par l’insolence de son attitude et, quelquefois, par la hauteur de ses refus semblait reprocher au Czar le bienfait d’une couronne cédée. Une vive dissidence était venue, lors de la guerre de Turquie, ajouter à l’aigreur des rapports qui existaient entre les deux frères : le grand-duc n’avait pas voulu détacher de l’armée polonaise des régiments qu’on lui demandait, mais dont il avait besoin, dans l’excès de sa bizarrerie, pour son amusement et ses parades.

Ce fut dans les premiers jours de février que le feld-maréchal Diébitch Sabalkanski entra en Pologne avec 120, 000 Russes et 400 pièces de canon. La révolution polonaise n’avait à opposer à cette in-