Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mille révoltes, violé les traités, ravagé des provinces, incendié des villes, asservi insolemment les mers, et tout cela pour trouver des consommateurs aux produits anglais, cette politique n’aboutissait qu’à l’impuissance. Il est certain qu’en prenant pour système de substituer son activité à celle de tous les peuples, rendus tributaires de son industrie, l’Angleterre n’avait point aperçu qu’elle finirait par les appauvrir, et serait elle-même ruinée, le jour où elle les aurait mis dans l’impossibilité de solder leurs échanges. Elle n’avait pas songé non plus que, pour convaincre son système de folie, il suffirait que quelques grandes nations fussent tentées de l’imiter. Voilà ce qu’une enquête aurait clairement révélé. Or, les ministres torys, en possession du pouvoir, ne voulaient point prononcer contre le génie de la vieille Angleterre une aussi éclatante condamnation. Et leurs adversaires, profitant de cet embarras pour les accuser d’incapacité, se préparaient à les renverser en demandant tout à la fois et la réforme électorale et une enquête.

Ainsi déchirée intérieurement, la Grande-Bretagne voyait, au dehors, son influence paralysée et ses destinées compromises. Également menacée par la marche victorieuse de la Russie vers les Indes et par les acquisitions de la France sur les bords de la Méditerranée, elle n’avait guère plus, pour faire face à ces deux dangers, que les artifices, bien connus, de sa diplomatie. Car le peuple écrasé d’impôts, exigeait des économies ; M. Hume avait excité de vives sympathies dans les classes pauvres en pro-