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vient qu’à force d’énergie et de patience à contenir les groupes de plus en plus menaçants. Sur un autre point, le général Lafayette se présente, plein de confiance dans l’autorité de son nom. Il engage les groupes à se dissiper ; c’est en vain. « Je ne reconnais pas ici, dit-il, les combattants de juillet. — Je le crois bien, lui répond un homme du peuple, vous n’étiez pas parmi eux. »

Cependant un coup de canon retentit. Il apprenait au roi que les captifs de Vincennes étaient en sûreté. Les républicains, réunis dans la rue Dauphine, croient entendre le signal, et ils se précipitent vers le quai, en criant : aux armes ! Une grande masse de peuple les suivait, et ils comptaient sur les pièces de canon, dont leurs camarades disposaient dans la cour du Louvre. Mais les grilles en avaient été fermées, et toute communication était coupée entre les artilleurs et le peuple.

Aucun engagement n’avait encore eu lieu. Seulement, des rixes avaient éclaté. Le comte de Sussy, colonel de la onzième légion, avait été frappé, au sortir du palais du Luxembourg, de deux coups de maillet dans la poitrine ; le sergent Dehay reçut un coup de couteau ; un garde national, dans la rue Tirechappe, fut frappé d’un stylet ; ou tira un coup de pistolet entre le quai des Augustins et le Pont-Neuf ; et des blessures furent faites avec des fleurets démouchetés. Mais là se bornèrent les accidents de cette grande bataille à laquelle on s’attendait.

Ainsi, une foule innombrable venait de descendre sur la place publique la colère était dans les cœurs ; des cris de vengeance remplissaient les airs ; les