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saient les tribunes étudiaient avec curiosité sur le visage des anciens ministres l’impression des scènes dont ils étaient l’occasion et le sujet. Ils ne parurent pas plus émus que les jours précédents. On remarqua même que M. de Chantelauze avait perdu de sa langueur. M. Madier de Montjau s’avança. Il était fort souffrant. Il refusa néanmoins de parler assis. Dans son discours, il sut masquer avec beaucoup d’art par la véhémence des attaques l’indulgence des conclusions. Il reprocha énergiquement à la défense d’avoir été fière, provocatrice, agressive ; d’avoir dénaturé le caractère des événements de juillet en les faisant considérer comme l’inévitable résultat des vices de la charte et la preuve d’une incompatibilité absolue entre la dynastie de Charles X et la nation. A l’énumération des obstacles sans nombre qui, selon les défenseurs, n’avaient laissé à la royauté d’autre ressource qu’un coup d’état, il opposa le tableau animé des tentatives dont la Restauration s’était gratuitement rendue coupable envers la liberté. Il se déclara surpris et presqu’indigné que les défenseurs n’eussent témoigné, au nom de leurs clients, d’autre regret que celui de la bataille perdue. Quand il en vint à l’histoire des malheurs nés de la violation des lois, il raconta cette histoire telle qu’elle était : tragique et sanglante. Mais, à mesure qu’il approchait des conclusions, son langage devenait moins sévère et sa pensée moins précise. Il termina par ces paroles significatives : « Ce n’est pas seulement par votre position, messieurs, que vous êtes élevés au-dessus de toutes les magistratures, c’est encore plus par cette sa-