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calculés, donner au jugement qu’on espérait l’éclat d’une décision souveraine, exceptionnelle, sans appel C’est ce M. Madier de Montjau comprit parfaitement. Devant la cour des pairs, il représentait un des trois pouvoirs de l’État. Il pensa que son langage pouvait avoir quelqu’influence sur l’opinion publique, et il résolut de faire en termes solennels l’apologie des juges, pour montrer quel respect était dû à l’arrêt qu’ils allaient rendre.

Le roi fut mis dans la confidence de ce projet, et il en ressentit une satisfaction inexprimable. Il prit les mains de M. Madier, les serra dans les siennes avec effusion, et lui prodigua, en paroles flatteuses, les marques de sa royale reconnaissance.

La journée du 21 décembre devait être décisive. Aussi le gouvernement avait-il pris des mesures formidables. La rue de Tournon, la rue de Seine, la rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, étaient remplies d’hommes armes, ainsi que les places St.-Michel, de l’Odéon et de l’École de Médecine. Six cents hommes de la garde nationale de la banlieue et deux escadrons de lanciers avaient été placés à la porte du Luxembourg, du côté de l’Observatoire. Deux bataillons de ligne couvraient la grande avenue. Le jardin était occupé par la garde nationale. En un mot, tous les abords du palais avaient été rendus inaccessibles à la multitude, et plus de trente mille baïonnettes brillaient sur la rive gauche de la Seine. Autour de cette armée bourdonnait une foule immense.

L’audience ayant commencé, les accusés furent introduits. Les nombreux spectateurs qui remplis-