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M. Taschereau, secrétaire-général de la préfecture de la Seine était aussi soupçonné de connivence avec les républicains. Il fut appelé au château, demanda qu’on le confrontât avec ses accusateurs, et offrit sa démission. On la refusa : on attendait que la crise fût passée.

Mais nul n’inspirait plus de défiance que M. Treilhard, préfet de police. Et cette défiance allait loin, qu’un jour, sans l’intervention odieuse de M. Laffitte, le préfet de police aurait été arrêté jusque sur les marches du Palais-Royal.

Il est vrai que M. Treilhard concourait, comme fonctionnaire, au succès d’une politique dont il ne pénétrait pas le sens caché. Dans la proclamation qu’il publia le 20 décembre, on remarquait ce passage : « Citoyens, vous ne pouvez l’ignorer, nos ennemis ont, dès long-temps, marqué l’issue de ce procès comme l’écueil où l’ordre public viendrait se briser. Déjà ils avaient compté sur les rigueurs de l’hiver ; mais votre patience a trompé leur coupable espoir, comme votre courage les avait confondus en juillet. » Rien n’était plus propre que ces paroles à retenir le peuple soulevé. Mais elles ne pouvaient guère obtenir l’approbation de la cour, qui, toujours préoccupée des nécessités de la politique extérieure, tenait bien plus à remporter une victoire sur les républicains, qu’à compléter celle qu’on avait remportée, en juillet, avec leur concours. Pour les hommes habiles du régime nouveau, l’essentiel était de dompter ce qu’ils appelaient l’anarchie, ou plutôt, de paraître la dompter. Or, cette politique était mal servie par des ma-