Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

polonaise avait encore à combattre le parti constitutionnel, guidé par Vincent Nemoiowski, traducteur des œuvres de Benjamin Constant, dont il avait popularisé en Pologne les stériles doctrines.

Le soulèvement de Varsovie, connu à Paris, y fut applaudi avec ivresse. L’héroïsme des Polonais fut célébré sur tous les théâtres ; on s’abordait dans les rues avec ce mot : La Pologne est libre. Ce fut en France une fête nationale, une seconde révolution de juillet. Appui à nos frères de Pologne ! disait-on de toutes parts.

De fait, si le sens des détails que nous venons de rapporter a été bien saisi, on comprendra combien la France pouvait aisément et efficacement aider la révolution polonaise. Le gouvernement n’avait besoin ni de faire marcher une armée au secours de Varsovie, ni même de parler à l’empereur le langage de la menace ; il eût suffi pour sauver la Pologne, d’y envoyer, en même temps que quelques généraux français, des agents chargés sous main d’appuyer, au nom de la France, le parti démocratique, seul capable de tenir tête aux circonstances par sa hardiesse et son élan. Ce parti, alors, reprenait le dessus ; les intrigues de l’aristocratie étaient déjouées ; la Pologne soulevée s’armait de la propagande, arme des audacieux ; on s’élançait vers la Lithuanie, et Chlopicki tombait, à moins que, se voyant encouragé par la France, il n’eût changé de système, et déployé, pour fortifier, pour étendre la révolution, l’énergie sincère qu’il mit à en paralyser les ressources et à en comprimer la fougue.

Mais tels n’étaient pas les desseins du Palais-