Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore vu dans l’histoire. Les puissances les plus hautaines se montraient attérées. On eût dit que désormais les nations n’allaient plus vivre qu’avec le secours et par la permission de la France. Le lendemain de l’Europe était soudain devenu un mystère formidable.

Pour comprendre combien le rôle de la France alors pouvait être fécond et glorieux, il faut connaître quelle était, au moment de la révolution de 1830, la situation générale de l’Europe.

La Turquie était une proie préparée pour les Russes. En montant sur le trône, Mahmoud avait trouvé les provinces de son empire livrées au gouvernement anarchique des pachas, et l’autorité des sultans avilie sous le joug des ulémas et des janissaires. Bien décidé à briser cette triple tyrannie, il l’avait attaquée par d’audacieuses réformes, mais en sacrifiant au désir de l’abattre l’indépendance et l’intégrité de la Turquie. C’est ainsi qu’en 1812, pour marcher plus librement à la destruction de ses ennemis intérieurs, il avait signé le honteux traité de Bucharest, qui abandonnait à la Russie les bouches du Danube. Plus tard, la Grèce s’étant soulevée, il y avait envoyé, par faibles détachements et de manière à les faire exterminer, les plus braves d’entre les janissaires, attisant de ses propres mains une révolte qu’il aurait pu étouffer, et faisant égorger les plus vaillants défenseurs de la maison d’Osman par ses plus cruels ennemis. Politique inexorable, dont la journée du 15 juin 1826 devait assurer le triomphe en faisant couler à flots dans Constantinople le sang des janissaires ! Mais c’est par