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le trône de Louis-Philippe, élevé par la modération puissante de la France et salué aussitôt par la modération éclairée de l’Europe, « la France, dit le président du conseil, ne permettra pas que le principe de non intervention soit violé. Mais elle s’efforcera aussi d’empêcher que l’on compromette une paix qui aurait pu être conservée. Si la guerre devient inévitable, il faut qu’il soit prouvé, à la face du monde, que nous ne l’avons pas voulue, et que nous ne l’avons faite que parce que l’on nous mettait entre la guerre et l’abandon de nos principes. Nous n’en serons que plus forts, quand à la puissance de nos armes nous joindrons la conviction de notre bon droit. Nous continuerons donc à négocier, et tout nous fait espérer que ces négociations seront heureuses. Mais en négociant, nous armerons. » Des cris d’approbation s’élevèrent. Alors, reprenant avec plus d’énergie, « Sous très-peu de temps, continua le ministre, nous aurons, outre nos places fortes approvisionnées et défendues, cinq cent mille hommes en bataille, bien armés, bien organisés, bien commandés. Un million de gardes nationaux les appuieront, et le roi, s’il en était besoin, se mettrait à la tête de la nation. » Ici, les applaudissements couvrirent la voix de l’orateur. « Nous marcherions serrés, forts de notre droit et de la puissance de nos principes. Si les tempêtes éclataient à la vue des trois couleurs et se faisaient nos auxiliaires, nous n’en serions pas comptables à l’univers. »

L’enthousiasme excité par ce discours guerrier fut immense. Dans la tribune des diplomates étran-