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rement expliquée la politique du cabinet. Ce discours fut lu en conseil. On y faisait parler à la France un langage digne d’elle. Pendant la lecture, le roi, qui était présent, donnait les signes du plus ardent enthousiasme, se promenant à grands pas, et appuyant de la voix et du geste tous les passages belliqueux. Les deux dernières pages lui parurent seules trop passionnées. C’était l’avis de M. Laffitte : elles furent supprimées. Au moment où le conseil allait se séparer, le roi demanda le discours comme pour le relire, non sans répéter combien il en approuvait l’esprit et la lettre. Le lendemain, l’étonnement de M. Laffitte fut extrême lorsqu’on lui remit, de la part du roi, le manuscrit chargé de ratures. M. Dupont (de l’Eure) en fut particulièrement affligé. Suivi de M. Thiers, il se rendit auprès du roi, pour lui déclarer que, si les ratures n’étaient point annulées, il offrait sa démission. Le procès des ministres de Charles X n’était pas encore arrivé à son dénouement : le roi céda, et il fut convenu que le discours serait prononcé tel qu’on l’avait accepté dans le conseil.

Le bruit s’était répandu qu’une communication ministérielle allait être faite aux chambres. Le 1er décembre, une grande affluence de spectateurs encombrait les avenues du palais Bourbon. Plusieurs membres du corps diplomatique s’étaient rendus à la chambre. M. Laffitte parut à la tribune. Après avoir parlé des craintes de guerre qui s’étaient propagées, des rapports d’amitié qui existaient depuis la révolution entre le cabinet du palais-royal et les autres cabinets ; après avoir représenté