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Aberdeen et lord Wellington lui déclarèrent successivement que l’Angleterre était bien résolue à ne souffrir ni directement ni indirectement l’accession de la Belgique à la France. En prenant ce ton impérieux et menaçant, les nobles lords n’ignoraient pas que leur pays, épuisé, était hors d’état de faire la guerre. Ils comptaient donc sur la pusillanimité de notre gouvernement, sur son ignorance des faits, et, principalement, sur le désir manifesté par Louis-Philippe de se concilier la bienveillance de l’Europe monarchique. Ils ne se trompaient pas.

On a vu dans le chapitre précédent quelles causes avaient amené la formation du ministère du 3 novembre. M. Dupont (de l’Eure) en était le personnage, sinon le plus influent au moins le plus nécessaire, et il avait une âme toute française. Malheureusement, il était absorbé, ainsi que M. Laffitte, par le soin des intérêts du dedans. On lui cachait, d’ailleurs, beaucoup de choses. Le maréchal Maison, ministre des affaires étrangères, prêtait son nom à des actes dont il comprenait peu la portée. De sorte que la politique extérieure était exclusivement dirigée par la cour.

Le principe de non intervention fut, dès premiers jours du nouveau règne, adopté comme fondement de cette politique. C’était un principe étroit, peu généreux. L’empereur Alexandre avait été mieux inspiré, lorsqu’il avait pris pour point de départ, dan& le traité de la sainte alliance, la solidarité des peuple et celle des rois. Si l’intention était odieuse, si l’application fut oppressive, la pensée était grande. Mais prendre cette devise égoïste Chacun chez soi,