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avec une sorte de colère systématique. La chambre se déclarait en guerre ouverte avec la presse ; et, pendant ce temps, ceux des membres du ministère qui venaient de succomber préparaient leur vengeance.

L’effet produit par cette discussion fut remarquable. Là presse, attaquée directement, se déchaîna contre les députés ; et, le 9 novembre, l’assemblée se réunit au milieu d’une agitation générale.

On s’attendait à des paroles ardentes. Cette attente ne fut pas trompée. M. Guizot avait paru à la tribune il commença en ces termes : « Messieurs, je viens repousser quelques allégations générales, qui s’adressent, non pas à la question qui nous occupe, mais à l’ensemble de la situation, et encore à la conduite que j’ai été appelé à tenir pendant que j’avais l’honneur de siéger dans les conseils du roi. » Écoutez ! écoutez ! murmure-t-on dans les diverses parties de la salle. Alors, avec tout le fiel de son âme blessée, M. Guizot accuse ses adversaires de n’avoir pas compris le sens de la révolution de juillet. « Quel est le caractère de cette révolution, dit-il ? Elle a changé une dynastie. Elle en a cherché le remplaçant aussi près d’elle qu’il était possible et c’est l’instinct public qui a pousse le pays à restreindre ce changement dans les plus étroites limites. » À ces mots, un mouvement d’indignation s’empare de l’extrême gauche. Le reste de l’assemblée est calme et semble approuver les paroles de l’orateur. Désignant, sans les nommer, ses collègues de la veille, M. Guizot leur reproche d’avoir voulu faire sortir de la révolution des ins-