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également au roi : il offrit de s’employer auprès de M. Odilon-Barrot pour l’amener à une démission volontaire. Mais Dupont (de l’Eure) et Lafayette se prononcèrent avec force contre le but de cette démarche et le résultat que M. Sébastiani en espérait. Le soir il y eut conseil.

Entre le garde des sceaux et ses collègues régnait déjà cette froideur qui annonce des divisions arrivées à leur extrême limite. Le roi était attendu. Il paraît, et M. Dupont (de l’Eure) remarque avec surprise la satisfaction qui éclate sur son visage. Louis-Philippe annonce en effet que la retraite du préfet de la Seine est décidée, que M. de Lafayette y consent. « M. de Lafayette ! sire, dit alors Dupont (de l’Eure). Votre majesté se trompe assurément. — Je l’ai entendu, Monsieur. — Permettez-moi, sire, de croire à une erreur de votre part. M. de Lafayette m’a tenu à moi un langage différent, et je ne crois pas le général capable de se contredire à ce point. » Le visage du roi était en feu. « Au reste, continue le garde des sceaux d’un ton ferme, ne parlons que de ce qui me concerne. Puisque M. Odilon-Barrot se retire, je réitère à votre majesté la prière d’accepter ma démission. — Mais vous m’avez dit ce matin tout le contraire. — Moi, sire ! j’affirme cette fois que vous êtes dans l’erreur. — Quoi Monsieur, vous me donnez un démenti ? tout le monde saura que vous m’avez manqué. — Sire, répondit M. Dupont (de l’Eure) avec dignité, quand le roi aura dit oui et que Dupont (de l’Eure) dira non, je ne sais auquel des deux la France croira. »