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balternes, pour indemniser les diplomates étrangers du soin qu’ils prenaient de nous dépouiller. Singuliers titres pour devenir l’ambassadeur d’une révolution qui, dans la pensée du peuple, n’était qu’une protestation contre Waterloo et ses suites !

La vie de M. de Talleyrand, du reste, n’était ignorée de personne. Il s’était élevé par la protection des courtisanes qui déshonorèrent les derniers jours de la monarchie et contribuèrent à la perdre. Il était devenu évêque d’Autun, la veille du jour où la puissance de l’Eglise allait s’écrouler. Grand seigneur, on l’avait vu, au fameux anniversaire du 14 juillet, monter sur l’autel de la patrie, comme pontife de la révolution par qui mourait cette aristocratie dont il était membre. Il avait eu sa part de pouvoir, lorsque le 18 fructidor était venu frapper ses protecteurs. Il avait gagné le portefeuille des affaires étrangères à la révolution du 18 brumaire, dirigée contre Barras, son ami. En 1814, il s’était proclamé chef du gouvernement provisoire, pendant qu’à Fontainebleau, Napoléon, son bienfaiteur, méditait sur les ruines de l’Empire. Et maintenant que la dynastie à laquelle il avait offert son patronage en 1814, prenait à son tour la route de l’exil, il reparaissait sur la scène, pour y saluer encore une fois la fortune.

Cela même le désignait à l’admiration des froids ambitieux et des sceptiques que le cours de la révolution de juillet venait, en s’égarant, de porter aux affaires. C’est le propre des petites âmes et des petits esprits de croire habile l’homme qui réussit dans son égoïsme. Mais M. de Talleyrand ne fut pas même