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l’intérêt de leur fortune. M. Casimir Périer, possesseur des mines d’Anzin, aurait perdu beaucoup d’argent par la libre introduction des houilles belges. Ainsi, La France, pays de guerriers, n’avait pu renoncer à son génie sans perdre sa virilité, et elle s’était vue condamnée à l’impuissance le jour où elle avait consenti à être gouvernée par des marchands.

Ces circonstances répondaient trop bien à la politique du château, pour qu’elle ne les mît point à profit. Le samedi, 4 septembre 1850, le roi soumit au conseil une question de la plus haute gravité : la nomination du prince de Talleyrand à l’ambassade de Londres. M. Laffitte déclara qu’un tel choix lui semblait extrêmement dangereux, parce qu’il était impopulaire. M. Dupdnt (de l’Eure) se prononça d’une manière plus formelle encore. M. Molé, dont la politique était plutôt russe qu’anglaise, aurait volontiers repoussé un choix qui condamnait brusquement la France à l’alliance de l’Angleterre. M. Bignon appuyait les répugnances de MM. Dupont (de l’Eure) et Laffitte. Le roi interrompit, en conséquence, le cours des délibérations.

Le lendemain, 5 septembre, M. de Talleyrand, qui se trouvait à diner chez M. Laffitte, lui dit : « Je vous remercie de vos paroles d’hier. Je sais tout ; le roi m’a tout raconté. — Vous savez alors, répondit M. Laffitte, en quels termes j’ai parlé de votre capacité. — Passons. — J’ai ajouté que je vous croyais incapable de manquer à votre parole. — C’est de cela que je vous remercie. — Il est vrai que j’ai parlé aussi de votre impopularité. »