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le nouveau ministre servit sa fortune, mais ne l’explique pas, M. Decazes était libéral : ce fut sa force. Le temps des favoris était passé, et si M. Decazes n’avait eu d’autre appui que cette royale affection, surprise et entretenue par la flatterie, son influence, comme celle de M. de Blacas, ne se serait jamais étendue au-delà du gouvernement de l’antichambre.

Mais à côté de ce fait singulier, l’élévation subite de M. Decazes, se place un fait non moins caractéristique, la chute du ministère Talleyrand. Pourquoi ce ministère s’écroule-t-il ? Parce que les premiers choix électoraux annoncent une chambre hostile au ministère. M. de Talleyrand craint une opposition trop vive ; il va trouver le roi ; il lui demande si, dans la lutte qui se prépare, le cabinet doit compter complétement sur l’appui de la couronne. Louis XVIII, depuis long-temps jaloux de la réputation du prince, paraît blessé de l’arrogance de ses frayeurs, et au grand étonnement de toute la cour, il dissout le ministère, laissant cheoir aux débiles mains du duc de Richelieu les destinées de la royauté en France. Ne trouvez-vous pas ces choses bien remarquables ? Un bourgeois, un libéral, M. Decazes, devenant la tête du gouvernement royaliste ; et dès l’origine, le premier ministère de la Restauration renversé par l’approche seule de la chambre, et en quelque sorte par l’ombre du principe électif ; cette victoire remportée la veille de la bataille : tout cela ne vous frappe-