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l’abbé Grégoire, régicide, qu’après l’assassinat du duc de Berry, c’est-à-dire quand la monarchie, poussée à bout, se décida enfin à tout oser contre ses ennemis, voyant bien que ses ennemis oseraient tout contre elle. D’ailleurs, qu’on le remarque bien, le milliard d’indemnité, s’il condamnait les principes de 89, n’en était pas moins une garantie offerte aux acquéreurs de biens nationaux, puisque c’était le prix auquel on mettait leur sécurité. Cette indemnité payée, les possesseurs étaient définitivement placés à l’abri de toute poursuite, et ceux qui avaient le plus à se plaindre, c’étaient tous ces pauvres artisans, tous ces ouvriers, tous ces enfants du peuple, sur qui l’émigration venait de lever son impôt, quoiqu’ils ne fussent jamais entrés dans le partage de ses dépouilles.

Revenant donc sur ce que j’ai voulu prouver, je répète que la lutte qui, commencée en 1815, devait aboutir à la révolution de 1830, n’était que la continuation, au profit de la bourgeoisie, de la lutte que les états-généraux, avant 1789, avaient soutenue, quoique sans éclat, sans vigueur, sans continuité, contre le principe monarchique.

La société peut-elle avoir deux têtes ? la souveraineté est-elle divisible ? Entre le gouvernement par un roi et le gouvernement par une assemblée, n’y a-t-il pas un gouffre qui chaque jour tend à se creuser davantage ? Et partout où ce dualisme existe, les peuples ne sont-ils pas condamnés à flotter mi-