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de banquiers. Admirable loi de la providence qui plaçait à côté du crime la menace du châtiment, faisait sortir de l’égoïsme même de la bourgeoisie le commencement de sa dissolution, et confondait avec les honteuses causes de son accroissement l’indication des causes de sa ruine finale !

Mais, quels que soient ses vices de naissance, un régime auquel se lient des passions nombreuses, ne s’écroule pas en un jour. C’est trop peu souvent de plusieurs générations pour absorber le venin d’un mauvais principe. Tout régime tyrannique se peut comparer à un abîme qu’il faudrait combler avec des morts. L’opération cruelle s’accomplit lentement, car l’abîme est profond.

Donc, et malgré quelques signes, peu apparents d’ailleurs, d’une décadence future, une longue domination était promise, en 1815, à ce régime sans entrailles de la concurrence et de l’individualisme. Seulement, cette domination demandait à être complétée. La puissance de la bourgeoisie avait ses racines dans l’ordre social : il ne lui restait plus qu’a faire invasion dans le domaine politique. L’individualisme en bas appelait le libéralisme en haut.

Aussi, de 1815 à 1830, la bourgeoisie ne s’occupa que de compléter sa domination. Faire tourner a son profit le système électif, s’emparer de la force parlementaire, la rendre souveraine après l’avoir conquise, telle fut, pendant quinze ans, l’oeuvre du libéralisme, œuvre qui se résume en ces