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contre Napoléon. Il tombe. Et par qui avaient été préparées, je le demande, les suites de Waterloo ? Était-ce par l’aristocratie ? Mais elle se cachait alors à Gand ou à Vienne ; ceux des nobles qui n’avaient pas quitté leur pays étaient trop heureux de se faire oublier ; le baron de Vitrolles gémissait dans les cachots de Vincennes, et, quant au marquis de Lafayette, il se défendait depuis long-temps d’être un grand seigneur. Étaient-ce les soldats, les artisans, les ouvriers des faubourgs de Paris, les prolétaires ? Mais nul ne pouvait l’avoir oublié : c’étaient les enfants du peuple, des hommes en veste et en casquette, ou en simple uniforme, qui, après la bataille de Waterloo, s’en allaient tous les jours pousser sous les fenêtres de l’Elysée-Bourbon le cri accoutumé de vive l’Empereur ! Et, aux mêmes heures, que se passait-il dans le sein du corps législatif, où étaient venus se résumer les intérêts et les passions de la bourgeoisie ? « Qu’il abdique ! qu’il abdique ! » voilà ce que pensait l’assemblée et ce vœu, qui, là, remplissait tous les cœurs, se trouva bientôt dans toutes les bouches. On ne voulut pas même de Napoléon II, tant on était impatient de rompre avec le passé impérial et de reprendre les traditions de 89 !

J’ignore pourquoi les infortunes éclatantes émeuvent si profondément. Pour moi, je l’avoue, ce sont les malheurs vulgaires qui touchent le plus mon cœur. Je plains ceux que la tempête renverse,