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ce début ; elle avait tort. Je sais bien que le commandement devrait être modeste. Entre le plus grand et le plus petit des hommes la différence n’est pas telle que la volonté de l’un puisse légitimement absorber celle de l’autre. L’orgueil n’est permis qu’à celui qui obéit ; quant à celui qui commande, il ne saurait se faire pardonner cet excès d’insolence qu’à force d’humilité. Mais de telles vérités sont trop hautes pour une société ignorante et corrompue. Dans l’impur milieu où s’agitait la bourgeoisie en 1814, demander une royauté modeste, c’était demander une royauté impossible.

Quoi qu’il en soit, si ce premier essai de règne fut malheureux, si Napoléon put sans effort ramener du fond de l’île d’Elbe ses aigles un moment humiliées, cela vint de ce que la royauté ne se fit pas dans les commencements assez humble et assez petite. Dans les salons de la banque et du haut commerce, on ne lui pardonna pas d’avoir tendu la main aux débris de la gentilhommerie. On ne lui pardonna pas, surtout, d’avoir choisi pour ministres et pour conseillers des hommes tels que MM. de Montesquiou, d’Ambray, Ferrand, personnifications pâles et caduques des idées vaincues. Soupçonneuse comme toutes les puissances nouvelles, la bourgeoisie était implacable dans ses rancunes, absolue dans ses volontés.

Il y parut bien dans la séance d’ouverture du mois de juin. Le discours du monarque fut accueilli favo-