timité qui, momentanément repoussé, avait ouvert carrière aux convulsions de 93 et aux batailles dévorantes de l’Empire ?
Mais Louis XVIII ramenait avec lui l’émigration. N’aurait-il pas à payer les dettes de son exil ? Les représentants de la noblesse vaincue en 89 ne chercheraient-ils pas à reconquérir leur puissance, à venger les blessures de leur orgueil châtié ? La cour n’allait-elle pas revivre avec tout ce que le cérémonial avait d’offensant pour des plébéiens ? Et, chose plus grave encore, les acquéreurs de biens nationaux n’allaient-ils pas être dépouillés ? Je discuterai plus bas l’étendue et la valeur de ces craintes ; mais quelque importance qu’on veuille leur donner, on peut affirmer que, vue de haut, la Restauration fut par essence un fait bourgeois : elle répondait, je le répète, aux plus chers intérêts, aux plus sérieux instincts de la bourgeoisie.
Aussi en proclama-t-elle sur-le-champ les principes. Le libéralisme n’est-il pas monté sur le trône avec Louis XVIII ? N’est-ce pas le chef de cette dynastie restaurée qui, en créant la charte, a organisé la puissance politique de la bourgeoisie ?
Ici s’ouvre une série d’événements dont il importe de bien étudier le caractère.
Le règne de Louis XVIII commença par la vanité : c’est ainsi que tous les règnes commencent. Et cela doit être. Les rois ne tromperaient personne sur leur