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le bénéfice d’un patronage public. Étrange compromis entre le principe de l’unité morale et la libre manifestation de toutes les croyances, le pontificat du souverain et la loi athée !

La chambre déclare ensuite la censure à jamais abolie, étendant de la sorte sur l’avenir son omnipotence.

Quelques instants sont consacrés à l’examen de l’article 14. On le supprime. Vain obstacle opposé à l’audace qui possède la force !

A mesure que la chambre avance dans ce travail de révision hâtive, elle semble oublier les récents combats. Ses souvenirs se raniment pourtant lorsque le colonel Jacqueminot propose d’exclure les troupes étrangères, du service de l’État. Mais la peur du progrès, aussi décisive que celle des Suisses, lui fait rejeter tout ce qui tend à l’affaiblissement des priviléges. C’est ainsi qu’elle n’admet d’éligibles qu’à trente ans, et d’électeurs qu’à vingt-cinq. Toutefois, elle déclare nulles les nominations et créations de pairs faites sous le règne de Charles X, mais en réservant l’examen de la grave question de l’hérédité. Le même sentiment d’hésitation lui fait repousser, avant tout développement, la proposition de M. Duris-Dufresne, qui soumet la magistrature à une institution nouvelle. Cette mesure, reproduite sous une autre forme par M. de Brigode, est enfin discutée. Mais en vain MM. de Brigode et Salverte invoquent-ils à l’appui du projet l’exemple de Napoléon et de Louis XVIII en vain rappellent-ils que, depuis quelques années, les nominations de magistrats n’ont eu pour but que d’asservir la