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conçu. L’acte d’abdication de Charles X y était présenté comme un des motifs déterminants d’appeler le duc d’Orléans au trône, ce qui était donner à la dynastie nouvelle le baptême de la légitimité ; l’abaissement du cens électoral et du cens d’éligibilité n’y était point admis ; enfin, les garanties le mieux précisées dans le projet de M. Bérard s’effaçaient, dans celui des deux ministres, sous le vague des expressions. M. Bérard, sans s’arrêter à des modifications aussi insuffisantes, résolut de ne présenter que son propre travail à la chambre.

La séance du 6 août s’ouvrit sous la présidence de M. Laffitte, qui remplaçait au fauteuil M. Casimir Périer. M. Dérard n’eut pas plutôt lu sa proposition que des applaudissements retentirent. Ceux-mêmes qui n’approuvaient pas son projet y voyaient le bénéfice d’un danger couru par un autre. Mais M. Demarçay s’était levé pour protester contre des modifications dont il niait la portée. Sur l’observation de M. Villemain, la chambre nomma une commission chargée d’examiner le projet. Tout-à-coup on annonce que des groupes menaçants encombrent les avenues du Palais-Bourbon. M. Keratry demande une séance de nuit, à cause de la gravité des circonstances. Et, en effet, on entendait les cris tumultueux du dehors : « A bas l’hérédité ! la chambre nous trahit ! » Les députés sont en proie à une vive anxiété. Ils sortent, ils rentrent tour à tour, profondément émus : la plupart entourent Lafayette, Benjamin Constant, Labbey de Pompière, en appelant à leur popularité, dont ils implorent à mains jointes la protection. M. Girod (de