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Du reste, les droits de la chambre des députés étaient chaudement discutés dans les journaux, dans les salons, et jusque dans la rue. Un jeune avocat, qui à un cœur généreux joignait un esprit droit et mûri par l’étude, M. Camille Roussel, écrivait dans une brochure qui fit sensation : « La charte de Louis XVIII n’existe plus, Charles X l’a déchirée. Les cartouches de ses soldats et les nôtres en ont dispersé les lambeaux. La nation française est rentrée dans le plein exercice de sa souveraineté. Elle seule peut et doit délibérer sur la forme et la nature de son gouvernement. Mais trente millions d’hommes ne peuvent délibérer que par des mandataires : quels seront ces mandataires ? Les chambres actuelles ne sauraient exercer le pouvoir législatif en vertu de la charte, parce que cette charte n’existe plus ; que, d’ailleurs, elle exige le concours du roi, et que nous n’avons plus de roi. » La brochure se terminait en ces termes : « Les chambres peuvent s’occuper immédiatement de tracer le mode suivant lequel la nation sera consultée sur le choix de ses mandataires : ce doit être là le principal, on peut même dire l’unique objet de leurs délibérations. Sur toute autre matière, leurs décisions, quelque sages qu’elles puissent être, ne sauraient avoir qu’un caractère provisoire… Il serait à désirer que la réponse au discours du lieutenant-général contînt une déclaration positive à cet égard : cette assurance calmerait beaucoup d’inquiétudes, et apaiserait des mécontentements prêts à éclater. »

Cet écrit posait nettement la question, et révélait