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l’affaiblissement du pouvoir au profit de l’opinion, et semblaient considérer le respect de tout ce qui est individuel comme la meilleure des garanties sociales.

Les autres, tels que MM. de Broglie et Guizot, croyaient à la nécessite de modérer sans cesse, en le surveillant, le mouvement des esprits ; ils se défiaient de l’opinion, ne songeaient qu’a fortifier le principe d’autorité en augmentant les prérogatives de la couronne, et regardaient une trop grande liberté laissée au génie individuel comme une cause de trouble et une source de dangers pour la société tout entière.

Les premiers, par instinct, voulaient la domination de la bourgeoisie plus complète ; les seconds, par calcul, la voulaient plus durable.

De là, dans les premiers, une répugnance très marquée pour tout ce qui tenait aux principes que la Restauration avait cherché à faire prévaloir ; et, dans les seconds, une tendance manifeste à emprunter à la Restauration certaines formes conservatrices.

Ces deux partis se dessinèrent dès le lendemain de la révolution. MM. de Broglie et Guizot, qui en cela répondaient à la pensée intime du duc d’Orléans, affectaient de croire que la révolution s’était faite uniquement pour obtenir l’exécution stricte de la charte. Mais leurs adversaires eurent le dessus, et M. Bérard se mit à réviser la constitution.

L’Hôtel-de-Ville appartenait définitivement aux Orléanistes. Le succès avait enflé leur audace, et leur violence, depuis le 31, ne connaissait plus de bornes.