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sent. Alors, le regardant fixement : « Monsieur, lui dit le roi, je crois à votre loyauté ; je suis prêt à me fier à votre parole : est-il vrai que l’armée parisienne, qui s’avance, soit composée de soixante mille hommes ? — Oui, sire. » Charles X n’hésita plus.

On avait lu aux troupes la lettre du roi à son altesse le duc d’Orléans. Le duc de Luxembourg publia un ordre du jour pour apprendre aux gardes que leur position sous Henri V serait la même que sous Charles X, tant le vieux monarque avait de peine à se persuader qu’il pût avoir un successeur dans le lieutenant-général ! Il le croyait si peu, qu’il chargea M. Alexandre de Girardin d’aller prendre à Paris six cent mille francs sur le trésor, et, comme il lui était revenu qu’on craignait qu’il n’emportât les diamants de la couronne, il repoussa cette supposition avec beaucoup de véhémence et de dignité. Pourquoi, d’ailleurs, aurait-il emporté des diamants qu’il savait faire partie de l’héritage de son petit-fils ?

Le départ ayant été résolu sur l’avis du duc de Raguse lui-même, Charles X se mit en route pour Maintenon, avec sa famille. Des chasseurs de la ligne, des hussards et des lanciers formaient l’avant-garde ; puis, précédées et suivies par les gardes-du-corps, venaient les voitures renfermant : la première le petit-fils, et la seconde l’aïeul ; un enfant et un vieillard : toute la monarchie. Quatre régiments d’infanterie de la garde, les gendarmes des chasses et l’artillerie légère, composaient le corps d’armée. Un régiment de dragons fermait la marche