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lasser passer personne que les commissaires continuèrent leur route.

La nuit ayant surpris l’expédition à Coignères, le général Pajol ordonna une halte. Il regardait la défaite comme inévitable en cas d’attaque ; mais il était dans les habitudes de sa vie militaire de jouer avec la fortune et de la braver. Il comptait, d’ailleurs, sur la démoralisation de la garde royale, et on l’entendit répéter, à plusieurs reprises : « Troupes démoralisées, troupes perdues. »

Cependant, quelques jeunes gens qui connaissaient les lieux, virent dire au général Excelmans qu’il fallait se porter en avant ; que les tirailleurs trouveraient un abri sûr dans la Forêt-Verte, située au-delà de Coignères ; qu’ils pourraient de là menacer sérieusement le château de Rambouillet ; que c’en était fait des Parisiens, au contraire, s’ils restaient campés dans une plaine, où il suffirait, pour les mettre en déroute, d’une charge de cavalerie. Sur cet avis, le général Excelmans donna ordre à l’avant-garde de continuer son mouvement. Elle avait à peine fait quelques pas, qu’elle rencontra des hommes qui revenaient en toute hâte de Rambouillet et apportaient la nouvelle du départ de Charles X. Ceux qui marchaient au premier rang tirèrent leurs fusils en l’air, en signe de triomphe. Ceux qui suivaient, de leur côté, crurent que le combat s’engageait. L’émotion gagnant de proche en proche, le désordre fut bientôt universel. Pour protéger des troupes naturellement indisciplinables, le général Pajol fit ranger en ligne, de manière à leur servir de rempart, les voitures qui les avaient