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Jacquinot de Pampelune, Roger, de Bois-Bertrand, Arthur de La Bourdonnaye, s’entretenaient à l’écart, et leurs figures abattues contrastaient avec la physionomie générale. Les pairs de France parurent à leur tour. Enfin le duc d’Orléans entra, suivi du duc de Nemours, monta lentement l’estrade, et s’assit sur un pliant. Derrière lui était un trône de velours brodé de fleurs de lys d’or et surmonté d’un dais couronné. De toutes parts s’élevèrent des cris et des applaudissements, comme on en fait entendre à l’avènement de tous les princes. Le discours du lieutenant-général fut beaucoup moins réservé que celui qu’il avait prononcé le 31, quand la situation des choses était encore tout-à-fait incertaine. C’est ainsi qu’il parla de la liberté menacée, et de l’odieuse interprétation donnée à l’article 14. Toutefois il fit allusion en termes convenables, à certaines infortunes augustes ; mais, tout en déclarant qu’il les déplorait, il annonça d’un ton solennel à la chambre qu’il avait ordonné le dépôt dans les archives, de l’acte d’abdication de Charles X et du dauphin. Pour ce qui était du motif de ce dépôt, la reconnaissance tacite du principe de légitimité, il ne s’en expliqua pas. Ce dépôt devait-il profiter au duc de Bordeaux ou à un autre ? Sur ce point, le duc d’Orléans laissait les esprits dans le doute.

En attendant, tout se préparait pour l’expédition de Rambouillet. Une multitude frémissante couvrait la place Louis XV et débordait dans les Champs-Élysées. Fiacres, omnibus, cabriolets, voitures de toute espèce, avaient été mis en réquisition pour transporter le gros de l’armée. On arrêtait les équi-