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daient ironiquement si être né d’un régicide suffisait pour devenir roi.

À cela les partisans du prince répondaient qu’on devait tenir compte de la situation cruelle d’un homme forcé de voir des parents dans les oppresseurs de son pays ; qu’il se compromettait déjà bien assez aux yeux de la branche aînée, en s’entourant de personnages par qui l’insurrection avait été applaudie qu’il n’était pas juste d’oublier que, pendant quinze ans, les salons du prince s’étaient ouverts à tous les adversaires de la congrégation, à toutes les victimes de la tyrannie du château ; et qu’au lieu d’attaquer avec tant de dureté un homme puissant par sa position et ses richesses, il fallait le placer sur le trône, seul moyen peut-être d’en fermer irrévocablement la route à Charles X.

À ces réflexions et à ces conseils, quelques-uns répliquaient en montrant leurs blessures, leurs mains noires de poudre, leurs vêtements souillée. Une fermentation dangereuse régnait autour de l’Hôtel-de-Ville, et du sein de cette foule épaisse sortait un mugissement prolongé.

Il fallait calmer les esprits. M. Barthe, introduit dans la salle où la commission municipale était rassemblée, y avait fait une vive peinture de ce qu’il venait de voir, un rapport chaleureux de ce qu’il avait entendu, et M. Audry de Puyraveau l’ayant engagé à formuler ses impressions pour le peuple qui était dans l’attente, il avait rédigé une proclamation qui commençait par ces mots : « Charles X a cessé de régner sur la France. »

Pendant qu’il écrivait, le général Lebau s’appro-