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nel. Dès ce moment, il fut converti à une cause qui lui paraissait être celle de la victoire.

Dans la réunion où devait s’agiter le sort politique des Français, M. de Pradt fut un des premiers à prendre feu pour les Bourbons. Le duc d’Alberg, qui ne pouvait pas être encore dans la confidence du royalisme trop récent de M. de Talleyrand, son modèle, le duc d’Albert prit la parole en faveur de la régence de Marie-Louise. Tout-à-coup, remarquant une sorte d’altération sur le visage d’Alexandre, il se trouble, il hésite, et porte les yeux sur M. de Talleyrand, pour interroger son attitude. M. de Talleyrand restait immobile, impénétrable, les regards fixés à terre. Le duc d’Alberg craignit de s’être engagé trop avant, et chacun s’empressa de faire acte de royalisme, pour ne pas compromettre son lendemain.

Cependant quelques royalistes s’étaient réunis au-dehors. On dut suppléer au petit nombre par l’agitation. Ce mensonge de l’enthousiasme public fut complet. Les plus hauts personnages du royaume vinrent jouer sur la place Louis XV, et sous les yeux d’Alexandre, une scène d’écoliers en vacance. Alexandre vit la nation dans quelques hommes qui criaient. Il jugea la France du haut des fenêtres d’un hôtel de la rue Saint-Florentin. M. de Montmorency, agitant un mouchoir blanc au bout d’une canne, indiqua un dénouement à la coalition dans l’embarras. Que dirai-je encore ? M. Michaud attendait dans l’antichambre de l’empereur Alexandre ; il tenait à