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gnac. Il avait trouvé le prince à moitié endormi, et comme il lui demandait par quelle inconcevable témérité il avait jeté un aussi orgueilleux défi à l’esprit révolutionnaire, n’ayant à sa disposition que sept mille hommes, « les états en portaient treize mille », avait répondu le prince de Polignac.

M. de Vitrolles s’étant approché du lit du roi, Charles X fit signe au duc de Mortemart de se retirer. Le ministre, blessé, dit à voix basse : « Ah ! s’il ne s’agissait pas de sauver la tête du roi ! », et il sortit.

En apercevant, dans de semblables circonstances, celui qui avait toujours exercé sur son esprit un si puissant empire, Charles X prit un visage sévère : « Comment ! c’est vous, M. de Vitrolles, qui venez m’engager à céder devant des sujets rebelles ! » M. de Vitrolles répondit avec vivacité qu’au point où en étaient les choses, il n’avait pas cru pouvoir donner à son roi une plus grande preuve de dévouement, et que ce serait le tromper que de chercher à lui adoucir l’amertume de cette situation. « Je vais plus loin, ajouta-t-il, et je doute que votre majesté puisse désormais rentrer dans Paris révolté ; je sens que la dignité de votre couronne en recevrait une rude atteinte ; mais que faire ? Comment vaincre une population de toutes parts soulevée ? Mieux vaudrait cent fois transporter ailleurs le centre de cette guerre cruelle. Croyez-vous pouvoir compter sur la Vendée ? Je suis prêt à me dévouer jusqu’au bout. » Charles X parut un moment réfléchir. « La Vendée dit-il, comme répondant à ses propres pensées… c’est bien difficile !… bien difficile !… »