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fallait de l’argent. On s’adressa à M. Casimir Périer, qui répondit : « Il est plus de quatre heures ; ma caisse est fermée. »

Pendant toute cette journée du 29, l’hôtel Laffitte ne cessa pas un seul instant d’être le centre des agitations de Paris. On s’y rendait de tous les côtés à la fois ; les députations y succédaient aux députations ; les hommes du peuple y avaient accès, et dans ce vaste pêle-mêle, pas une violence ne fut commise, pas un objet ne fut dérobé. Les chevaux de M. Laffitte coururent dans toutes les directions, montés par des cavaliers inconnus, et le soir ils étaient tous rentrés à l’écurie. Mais les représentants de la haute bourgeoisie n’en nourrissaient pas moins contre le peuple une défiance profonde.

Le général Pajol, qui était arrivé dans la cour de l’hôtel, en criant : « Je vous apporté le chapeau de Waterloo », y avait été fort mal accueilli. M. de Lafayette était trop populaire pour ne pas inspirer encore plus d’ombrage. Afin de créer au général Gérard une influence dont on put se servir au besoin, on le pressait de revêtir l’uniforme, de se montrer à la population, de visiter les barricades. St. Casimir Périer écrivait à l’instituteur de ses enfants : « Venez sans retard à l’hôtel Laffitte, et amenez-y des chevaux. » M. Gérard hésitait ; mais on redoublait d’instances. « Vous voilà bien, vous autres militaires, lui disait M. Eugène Laffitte pour l’exciter, vous ne pouvez marcher que suivis par des pantalons garance. » Enfin le général céda. Il partit pour aller montrer au peuple que les chefs ne lui manqueraient pas après la bataille. Toutefois, il